Le poivre des oiseaux : du mythe à la réalité
Qui, depuis la mise en avant des poivres d’origine d’exception, n’a pas entendu parler du poivre des oiseaux ? Non, pas celui d’une petite plantation du Cameroun n’ayant rien à voir avec le fruit rare que nous évoquons, mais celui, le seul, le vrai, proposé par Le comptoir des poivres en provenance du Cambodge.
Lors de mon dernier périple à Kampot, dans le sud du Cambodge, je décidais d’aller à la rencontre des cultivateurs de poivres Piper nigrum. L’objet de ma visite ayant été annoncé, j’étais très attendu aux aurores afin de découvrir ce poivre très rare. Car pour ce poivre, la main de l’homme n’intervient que pour la récolte et la phase finale de lavage, séchage et tri.
Origines du poivre des oiseaux
L’artisan du petit grain gourmand, goûteux, rarissime, n’est autre qu’un oiseau. En fin de saison de cueillette du poivre, juste avant la mousson, les grains de poivre mûrs sont abondants sur les grappes. Ils sont bombés, gorgés de jus, prêts à éclater, véritables friandises pour une catégorie d’oiseaux. Ces derniers se repaissent des grains sucrés. Ils gobent les grains, avalant péricarpe (peau du grain) et pulpe et recrachent les noyaux des baies après que ceux-ci ont séjourné dans leur jabot.
Le grain n’est pas digéré mais a déjà subi une réaction enzymatique lui conférant des touches aromatiques exceptionnelles. Les nez et palais avertis seront surpris par les notes sauvages laissant place rapidement à de subtiles notes florales avec des fragrances d’écorce d’agrume.
Les grains de poivre des oiseaux sont ramassés à même le sol, parfois en plantation mais et surtout là où nichent ces oiseaux. Après quelques recherches et l’aide de nos amis Cambodgiens, il m’est possible de vous divulguer, ce jour, le nom de cet artisan à plumes : il s’agit d’un passereau de la famille des Pycnonotidae, le bulbul goiavier (Pycnonotus goiavier).
Un poivre particulièrement rare.
Afin que vous puissiez vous rendre compte de la rareté de ce poivre, sachez que nous ne pouvons nous en procurer que 70 à 100 kg par an. Mais tous les connaisseurs vous le diront, il est incontestablement le plus fin des poivres blancs existant au monde. Il faut plusieurs mois à une dizaine de ramasseurs pour localiser et ramasser ce véritable poivre des oiseaux.
Je vous le conseille avec vos poissons, noix de Saint-Jacques, fruits de mer, côtes et quasi de veau, huîtres…
Pour ce qui est de notre bulbul goiavier, les cultivateurs de poivres cherchent à les piéger en permanence car les oiselets sont gourmands. Pour ce faire, des filets sont étendus autour des plantations. Mais les prises sont aléatoires, fort heureusement pour les gourmets que nous sommes. Je me suis néanmoins fait confirmer que la chair desdits oiseaux est fine et goûtée. Je n’ai pas eu cette chance mais une consommation à foison des baies de poivre rouge apporterait, dit-on, sucrosité et jutosité inégalées à la viande de ce passereau. Qui sait, l’opportunité se présentera peut-être lors du prochain voyage en pays Khmer et je vous promets de vous relater, le cas échéant, la rarissime gourmandise.
Si vous aussi vous souhaitez goûter à ce poivre très prisé, sachez qu’il reste à ce jour encore quelques boites de Poivre des Oiseaux sur notre boutique.
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